Le Musée gallo-romain présente Mos’anne

Dans la grotte Margaux, près de Dinant, en province de Namur, des archéologues ont découvert en 1988 les restes des squelettes d’une dizaine de femmes préhistoriques qui ont vécu dans la région il y a environ 10 500 ans et ont été enterrées dans la grotte. Des chercheurs de l’Université de Gand ont récemment fait réaliser une reconstitution faciale du visage d’une de ces femmes. Cette reconstitution sera exposée au Musée gallo-romain de Tongeren-Borgloon à partir du mardi 26 août.

Cette reconstitution est l’aboutissement d’une étude interdisciplinaire à grande échelle menée par l’UGent sur la vie des derniers chasseurs-cueilleurs en Belgique, il y a environ 11 500 à 7 500 ans. Les archéologues appellent cette période le « mésolithique ».

L’étude a été menée sous la houlette du professeur Isabelle De Groote, en collaboration avec des collègues de l’Agence wallonne du Patrimoine, de l’Université de Durham et de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique.

Les scientifiques sont parvenus à extraire l’ADN du crâne de cette femme. Un ADN exceptionnellement bien conservé, compte tenu de l’âge du squelette.
L’analyse de l’ADN a révélé que la femme avait les yeux bleus et les cheveux foncés, comme beaucoup d’autres habitants d’Europe occidentale à l’époque. Son profil génétique a montré une parenté avec un homme qui avait vécu à la même période dans le sud-ouest de l’Angleterre. Son squelette avait été retrouvé au début du XXe siècle. L’homme avait été baptisé « Homme de Cheddar ».

Contrairement à l’Homme de Cheddar, qui avait la peau foncée, la femme de la grotte Margaux avait la peau beaucoup plus claire, ce qui suggère que les couleurs de peau étaient relativement diverses en Europe occidentale à l’époque.

Les scientifiques ont déduit des caractéristiques du crâne et de l’usure des dents que la femme était décédée vers l’âge de 45 ans.

La reconstitution faciale est l’œuvre des frères jumeaux néerlandais Alfons et Adrie Kennis, qui réalisent des reconstitutions réalistes d’humains et d’animaux préhistoriques depuis des décennies. Outre la reconstitution de l’Homme de Cheddar, ils ont aussi à leur actif celle d’Ötzi, la célèbre momie congelée découverte dans les Alpes en 1991.

Pour la reconstitution de la femme, ils ont utilisé une impression 3D de son crâne. Ils se sont ensuite basés sur des caractéristiques spécifiques pour reconstituer son visage couche par couche : d’abord les muscles, les artères et les tendons, puis la peau, les yeux et les cheveux.

Pour l’impressionnante coiffure agrémentée de plumes de canard, ils se sont inspirés des ossements de canard retrouvés sur différents sites mésolithiques dans les Ardennes.
Enfin, quelques touches artistiques ont permis de donner vie au visage de la femme.

Les chercheurs de l’UGent ont aussi étudié le paysage dans lequel vivaient cette femme et ses contemporains, ainsi que leur mode de vie.

Il s’agissait de nomades qui se déplaçaient au rythme des saisons et vivaient dans des campements temporaires à ciel ouvert. Ils résidaient souvent sous des abris sous roche.

En ce temps-là, la végétation de la vallée de la Meuse se composait principalement de pins et de noisetiers, entrecoupés çà et là de bouleaux et d’ormes. La nature offrait de la nourriture à profusion, en particulier dans le sud de la Belgique, comme en témoignent les restes de noisettes et de gibier tel que le cerf, le chevreuil et le sanglier.

Le poisson était aussi au menu. C’est ce que laissent supposer les restes de poissons retrouvés sur différents sites mésolithiques de la région.

L’Université de Gand a fait appel au grand public pour donner un nom à la femme. La VRT, entre autres, a participé à l’initiative. Le public avait le choix entre trois propositions. Près de 5 000 personnes ont répondu à l’appel. C’est le nom Mos’anne qui a été retenu, en référence au nom latin de la Meuse.

Jo Feytons, bourgmestre : « Le Musée gallo-romain est le plus grand musée archéologique de Flandre. Il suit les recherches scientifiques de près et présente les dernières découvertes au grand public. »

An Christiaens, échevine du Tourisme : « Avec Mos’anne, les scientifiques donnent un visage au passé lointain. Je suis ravie que le Musée gallo-romain présente cette reconstitution fascinante au public. Elle ne laissera personne de marbre. »

Informations pratiques

Mos’anne sera intégrée à l’exposition permanente du Musée gallo-romain du 26 août au 19 octobre. Les résultats des recherches scientifiques seront, eux aussi, largement mis en lumière. L’installation est comprise dans le prix d’entrée.

Patrick Mathei
Medewerker Pers en Communicatie
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