Vous comptez visiter le Musée gallo-romain ? Mieux vaut réserver votre billet. Vous aurez la garantie d’avoir une place et vous éviterez une déception à l’entrée.

La collection de tablettes romaines en bois : un projet de recherche

Présentation : les tablettes romaines

Le Musée gallo-romain possède une vaste collection de fragments, plus ou moins grands, de tablettes d’écriture romaines en bois (env. 280). Ces objets (et surtout ce qui était écrit dessus) nous mettent en contact direct avec les personnes qui vivaient à Tongres, la capitale de la civitas Tungrorum, à l’époque romaine. Les tablettes méritent un projet de recherche approfondi et complet. La cellule de recherche du musée se met au travail.

Tablettes d’écriture ?

Les artisans spécialisés fabriquaient essentiellement les tablettes d’écriture (tabulae ceratae ou tabellae ceratae en latin) en bois de sapin. Il existait aussi des éditions de luxe, par exemple en bois de citronnier, en ivoire ou en os, ce qui nous en dit plus sur le commerce et l’économie, ainsi que sur les fabricants.

Les tablettes d’écriture se caractérisent par des bords relevés et une surface renfoncée, où l’on coulait une cire sombre. On écrivait sur la cire à l’aide d’un stylet en fer ou en bronze. La cire a généralement disparu, à l’exception de quelques restes. Il arrivait que le stylet traverse la couche de cire et raie le bois tendre. D’où la présence de marques d’écriture sur le bois.

Les tablettes sont rectangulaires, mais de dimensions très variables. On en attachait plusieurs ensemble pour former des diptyques (deux exemplaires), des triptyques (trois exemplaires) et des polyptyques (codex, plus de trois tablettes). Les codex étaient transportés à l’aide d’une sangle spéciale. Dans la mesure où le texte inscrit sur la surface de cire était assez facile à effacer, on copiait souvent le contenu sur du papyrus ou du parchemin : contrats, testaments, lettres, notes, documents comptables, chartes, etc. On utilisait, pour ce faire, une plume et de l’encre.

Objets rares

Les archéologues ont découvert les tablettes durant la première moitié du XXe siècle à différents endroits de Tongres-Broek(berg). Les objets en bois vieux d’environ 2 000 ans, comme les tablettes, sont plutôt rares, car ils se conservent dans des conditions spécifiques, notamment un sol très humide ou un sous-sol saturé d’eau. C’était le cas ici. L’oxygène n’a pas pu pénétrer, ce qui a empêché la putréfaction du bois.

Suivez le déroulement du projet ci-dessous.

30/09/2020

Le Musée gallo-romain s’attelle à mettre en place une équipe de recherche. L’objectif : examiner la collection de tablettes en bois du musée sous toutes les coutures. Une approche interdisciplinaire s’impose. Le Musée gallo-romain participera à la recherche et à la publication des résultats. Le musée coordonne et dirige le projet.

6/10/2020

Nous apportons une première sélection de tablettes à l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, où le Prof. Dr Koen Deforce (IRSNB-RINS Bruxelles ; UGent ; Agentschap Onroerend Erfgoed) analyse l’essence de bois de 13 fragments le jour même.

14/10/2020

Nous nous mettons en quête de spécialistes et de partenaires potentiels pour :

– le déchiffrage et l’étude des tablettes d’écriture en bois ;
– la visualisation technique des traces d’écriture ;
– l’examen d’éventuels résidus de cire ;
– l’identification de l’essence/des essences de bois.
Nous contactons plusieurs spécialistes.

19/10/2020

Le Prof. Dr Lieve Watteeuw de la KU Leuven nous confirme que les techniques d’imagerie du Book Heritage Lab (KU Leuven) peuvent améliorer la lisibilité des inscriptions sur les tablettes. Elle nous invite ensuite à effectuer un test sur quelques tablettes.

Le Musée gallo-romain commence par rassembler et sélectionner des fragments de tablettes dans sa collection de vestiges en bois. Il ajoute ensuite toutes les données connues à l’inventaire (photos à l’appui) de la base de gestion des collections The Museum System (TMS). Une étape cruciale puisque les fragments de tablettes vont « voyager » chez des spécialistes. C’est également la base de la gestion d’une collection et de son ouverture au public.

20/10/2020

L’équipe du projet prend peu à peu forme.

27/10/2020

Le Prof. Dr Ir Dirk Devos, issu de la faculté de bioingénieurs de la KU Leuven et spécialisé en chimie organique, répond avec enthousiasme quand on lui demande s’il accepterait d’étudier les résidus de cire présents sur les tablettes d’écriture.

28/10/2020

En guise de test, des images numériques stéréoscopiques de deux tablettes sont réalisées sous la houlette du professeur Lieve Watteeuw. L’appareil sphérique utilisé à cette fin porte le nom de Microdome. La particularité de l’infrastructure d’enregistrement vient du fait que les images peuvent être visualisées de manière interactive après la prise de vue et le traitement. On peut notamment déterminer soi-même la position de la lumière : lumière rasante, en haut, en bas… Les filtres de visualisation rendent visibles certains éléments invisibles à l’œil nu. Les résultats sont en libre accès (Digitaal labo et Pixel+).

Des traces d’écriture sont visibles à l’œil nu sur l’un des deux fragments, mais pas sur l’autre. Trouvera-t-on aussi des caractères sur le fragment qui, de prime abord, ne comporte aucune inscription ? Nous avons hâte de connaître le résultat.

17/11/2020

Nous récupérons nos tablettes à la bibliothèque Maurits Sabbe de Louvain, où des images de deux tablettes ont été réalisées. Si les images n’ont pas révélé d’autres marques sur la tablette qui ne présentait pas de traces d’écriture visibles, elles n’en sont pas moins spectaculaires.

18/11/2020

Notre photographe interne, Guido Schalenbourg, commence à photographier les tablettes d’écriture dans le studio photo du musée. Nous ajoutons systématiquement les photos en haute résolution à la base de données de notre collection.

29/11/2020

Le Musée gallo-romain envoie un tableau récapitulatif des personnes impliquées aux membres de l’équipe de recherche. L’équipe se compose des membres ci-dessous.

– Analyse des écritures et des tablettes

Prof. ém. Dr Jürgen Blänsdorf (Johannes Gutenberg-Universität Mainz)
Prof. Dr Markus Scholz (Goethe-Universität Frankfurt a/M)

– Analyse des essences de bois

Prof. Dr Koen Deforce (UGent – IRSNB)

– Analyse des résidus de cire

Prof. Dr Ir Dirk De Vos (KU Leuven)
Dr Carlos Marquez Admade (KU Leuven)
Sabina Accardo (KU Leuven)

– Imagerie

Prof. Dr Lieve Watteeuw (KU Leuven)

– Contexte historique – l’écriture dans l’Antiquité

Annie Verbanck-Piérard (ULB et ancienne conservatrice du Musée royal de Mariemont, département gréco-romain)

– Groupe de projet au Musée gallo-romain

Else Hartoch (coordination), Guido Creemers, Igor Van den Vonder

30/11/2020

Un deuxième lot de quelque 190 fragments de tablettes d’écriture part à Bruxelles. Le Prof. Dr Koen Deforce (IRSNB-RINS Bruxelles ; UGent) est chargé de déterminer l’essence de bois.

15/12/2020

Le Musée gallo-romain récupère les 190 fragments à l’IRSNB, à Bruxelles. Le professeur Deforce les a étudiés.

18/12/2020

Quelque 200 fragments de tablettes d’écriture sont emballés pour être envoyés Allemagne, où le professeur émérite Jürgen Blänsdorf et le professeur Marcus Scholz examineront les tablettes, et surtout les inscriptions, à l’aide d’un microscope binoculaire, sous une lumière rasante concentrée.

21/12/2020

L’entreprise de transport Hizkia Van Kralingen vient chercher les tablettes d’écriture bien emballées au Musée gallo-romain en tout début de matinée et les remet quelques heures plus tard au professeur Blänsdorf en Allemagne. Le tout dans le respect des mesures sanitaires liées au coronavirus.

22/02/2021

La collection de tablettes d’écriture, examinée dans un premier temps par les professeurs Blänsdorf et Scholz, revient au Musée gallo-romain. Le transport est pris en charge par la firme MOBULL.

22/03/2021

La collection d’environ 190 tablettes en bois est acheminée à la KU Leuven à Heverlee, où l’analyse des éventuels résidus de cire originale sera supervisée par le professeur Dirk De Vos. Le Dr Carlos Marquez Admade et Sabina Accardo se chargeront des analyses.

30/03/2021

Le projet est présenté au personnel du Musée gallo-romain.

25/05/2021

Annie Verbanck-Piérard (ULB) vient parler de l’étude au Musée gallo-romain. S’ensuivent des entretiens avec le professeur Lieve Watteeuw.

22/06/2021

La collection de tablettes en bois, échantillonnées à la KU Leuven dans le laboratoire du professeur Dirk De Vos dans le cadre de la recherche sur les résidus de cire, est récupérée. Quatre fragments restent sur place pour un examen plus approfondi des éventuels vestiges de corde ou de cuir. Qui sait ? Nous trouverons peut-être dans les trous des tablettes des traces de la corde qui a servi à lier les tablettes…

Parmi les tablettes d’écriture du grand lot, nous sélectionnons dix autres fragments présentant des traces d’écriture pour en réaliser des images à l’aide du Microdome. Nous les amenons donc à la bibliothèque Maurits Sabbe de Louvain.

23/06/2021

Nous préparons une première réunion en ligne avec tous les membres du groupe de projet international. À l’ordre du jour ?

– État des lieux de l’étude
– Lien et interaction entre les différentes disciplines
– Stratégie en vue de la publication de la collection de tablettes d’écriture de Tongres

24/06/2021

Le Musée gallo-romain prépare une structure et une proposition de contenu, dans l’optique d’une publication.

01/07/2021

Dirk Pauwels, archéologue de la ville de Tongres, rejoint le groupe de recherche. Il étudiera le site de découverte, Broek(berg), en collaboration avec Else Hartoch.

02/07/2021

Alain Vanderhoeven, archéologue spécialisé dans la ville de Tongres à l’époque romaine, intègre l’équipe. Sa contribution consistera essentiellement à esquisser le contexte historique de Tongres à l’époque romaine.

5/07/2021

Les membres du groupe de projet se réunissent en ligne. Tous les participants sont très enthousiastes. Chacun présente le cours de ses recherches. On partage des idées et des formes d’interaction voient le jour sur place. La structure et le contenu provisoires de la publication sont bien accueillis.

22/07/2021

Une consultation a lieu avec l’archéologue de la ville Dirk Pauwels et Annie Verbanck-Piérard (ULB) au Musée gallo-romain.

26/7/2021

L’équipe du musée discute en interne de la publication sur laquelle débouchera la recherche : proposition de structure, évaluation des possibilités.

13/08/2021

Les tablettes d’écriture sont récupérées à la bibliothèque Maurits Sabbe de Louvain.

Annie Verbanck-Piérard vient au Musée gallo-romain pour préparer les demandes d’offres destinées aux maisons d’édition.

20/08/2021

Nous découvrons un nouveau lot de tablettes d’écriture dans la collection ! Certains fragments présentent des traces d’écriture !

30/08/2021

Dirk Pauwels découvre d’autres tablettes de Tongres dans la banque d’images de l’Institut royal du patrimoine artistique (IRPA-KIK).

À suivre…

Else Hartoch
coördinator onderzoek en bibliotheek
+ 32 12 67 03 61
else.hartoch@stadtongeren.be